La Vie intellectuelle du 25 fé-
vrier
a publié la conférence de
Maritain[2][2] Rappelons que l’épouse du philosophe Jacques Maritain (1882-1973) — Raïssa Oumançoff (1883-1960), qui s’est elle-même illustrée en tant qu’écrivain — fut élevée dans une famille juive en Russie avant d’arriver en France en 1893. Les deux époux se convertirent au catholicisme en 1906, deux ans après leur mariage. sur les Juifs parmi les na-
tions[3][3] Cette conférence a été prononcée dans le cadre des « Conférences des Ambassadeurs » auxquelles Mauriac a lui-même régulièrement participé (cf. son article « A la base de notre effort » ). Mauriac en parlait déjà dans « Pour Israël » . Elle a été publiée en brochure aux Éditions du Cerf en 1938 puis dans Le Mystère d’Israël et autres essais, Desclée de Brouwer, 1965..
Tous les catholiques de-
vraient
méditer ce texte. Nous
voyons ici l’admirable lumière
que projette sur une question
d’ordre historique et économique,
non seulement une foi ardente et
raisonnée, mais une vie intérieure
par le Christ en personne alimen-
tée,
nourrie.
Notre ami n’a que faire de nos
louanges et ce n’est pas pour lui
que j’écris ces lignes, mais pour
chacun de nous et pour moi-même.
Il est essentiel que, dans toutes les
questions qui divisent les hommes
d’aujourd’hui, notre choix ne dé-
pende
pas seulement d’un mouve-
ment
du cœur. Maritain sans né-
gliger
aucun des arguments habi-
les
dont usent les antisémites et
les racistes passe à travers les mu-
railles
dont la haine s’efforce de
nous entourer, et d’abord s’établit
sur le plan surnaturel où saint
Paul avait déjà posé le problème
juif[4][4] Cf. le développement que saint Paul consacre à la situation d’Israël dans les chapitres 9-11 de son Épître aux Romains. : « Israël nous apparaît
comme un mystère, du même or-
dre
que le mystère du monde et le
mystère de l’Église… Il y a une
relation supra-humaine d’Israël
--- nouvelle colonne ---
au monde comme de l’Église au
monde… Aux yeux d’un chrétien
qui se souvient que les promesses
de Dieu sont sans repentance, Is-
raël
continue sa mission sacrée,
mais dans la nuit du monde, pré-
férée,
en quelle inoubliable occa-
sion,
à celle de Dieu. Israël, com-
me
l’Église, est dans le monde et
n’est pas du monde ; mais depuis
le jour où il a trébuché, parce
que ses chefs ont opté pour le
monde, il est rivé au monde, pri-
sonnier
et victime de ce monde
qu’il aime, et dont il n’est pas, ne
sera jamais, ne peut pas être… »
Il faut que chacun de nous en
prenne conscience : nous avons ici
un exemple parfait de ce que nous
sommes appelés à tenter et à réus-
sir,
en dépit de la mêlée confuse
des partis ; la seule voie pour ré-
soudre
chaque problème dans le
contingent, c’est d’abord de l’en-
visager
sur le plan de l’éternité
et dans la lumière de la Grâce.
Maritain, que ses adversaires dé-
noncent
comme un esprit chimé-
rique,
nous apporte ici la réponse
qui sauverait pratiquement le
monde, si le monde à son exemple
écoutait, méditait, vivait les paro-
les
de la vie éternelle.