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Le chroniqueur musical de la
françaiseDéfense de la musique
. Schloezer, un admirateur de la musique moderne, s’en prend tout de même à Robert Bernard qui, dans un article dans veut que le compositeur étudie les problèmes de l’heure et ait le souci d’y répondre
. Selon Bernard ceux qui vouent un culte à Mozart cherchent surtout un refuge, une sorte de paradis artificiel qui leur permette d’oublier l’exigeante réalité et de jouir ne fût-ce que quelques temps encore, envers et contre tout.
Pour l’époque où Mauriac a découvert Mozart, voir les Musique
,
écoutent de la musique pour en retirer du plai
sir.
Il soupçonne surtout de ce crime les fanati
ques
de Mozart, ces ignorants convertis de
qui, selon lui, dans la musique
fraîche date
ne cherchent que l’oubli et font tourner un dis
que
comme ils se piqueraient, pour fuir le réel,
pour se divertir au sens pascalienLa seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement. Et cependant c’est la plus grande de nos misères. Car c’est cela qui nous empêche principalement de songer à nous et qui nous fait perdre insensiblement. Sans cela nous serions dans l’ennui, et cet ennui nous pousserait à chercher un moyen plus solide d’en sortir, mais le divertissement nous amuse et nous fait arriver insensiblement à la mort.
(B.171, L.414).
Nous ne saurions trop recommander à notre
censeur de relire la lettre que Pascal, justement,
écrivait à Mlle de Roannez
y verrait que même les Jansénistes
une certaine douceur plus forte qu’aucune autre
lorsqu’ils se convertissaient : à une délectation.
On ne quitte les plaisirs, écrit Pascal à la
jeune fille, que pour d’autres plus grands…Extrait d’une lettre de Pascal à M. et à Mlle de Rouannez VII (novembre ou décembre 1656)
, in
Ce n’est pas blasphémer que de rapprocher
de la délectation victorieuse de la Grâcedélectation glorieuse
(
vissement
que tous les mozartiens connaissent,
car ces deux états sont très loin d’être étrangers
l’un à l’autre et il n’est pas sans exemple que le
second nous ramène au premier. On est gêné de
rappeler au chroniqueur d’une revue excellente
qu’il y a plaisir et plaisir, divertissement et di
vertissement,
et que si des tziganes, un jazz
m’entraînent hors de moi-même, Mozart, aussi
léger, aussi gamin farceur
m’y ramène et m’y retientSi une musique tzigane m’entraîne hors de moi-même Mozart m’y ramène de couleurs. Il est vrai que nous y avons reconnu pour fuir ce qui s’appelle le réel mais il s’agit d’une fuite à l’intérieur vers une réalité plus profonde.
Si un orchestre tzigane m’entraîne hors de moi-même, Mozart m’oblige à y rentrer. Avec lui il s’agit d’une fuite à l’intérieur, vers ma réalité la plus profonde
Cela est si vrai qu’il n’existe pas de joie plus
triste, si j’ose dire, que celle que nous lui devons,
presque insoutenable parfois. Car il s’agit tou
jours
d’une confrontation en nous avec ce qui
est perdu, et qui ne pourra être sauvé que grâce
à un miracle de l’amour divinchef des publicains
tant haï parce qu’il travaillait pour le compte des Romains et s’enrichissait sur le dos de ses compatriotes : le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu
(
de l’homme chargé d’une longue vie coupable,
criminelle peut-être, avec l’enfant qu’il fut ; de
la créature fourvoyée dans de basses souffrances
avec la joie qui était sa vocation, cette joie pour
laquelle elle avait été créée et était venue en ce
monde.
La musique de
cieuse
mais exténuante vers les sourcesc’est l’histoire d’une remontée. Je m’efforce de remonter le cours d’une destinée boueuse, et d’atteindre à la source toute pure
(
nous étions enfants, entre toutes nos prome
nades
il en était une dont on ne pouvait parler
sans que je fusse inondé de bonheur et d’inquié
tude :
Nous allons aller aux sources de la
C’était le ruisseau qui coulait au bas
Hure…marécages inaccessibles
voir les
de notre jardin. Nous partions fous d’espérance,
bien que nous ne les eussions jamais atteintes,
ces sources ! Mais il nous semblait impossible
de ne pas les découvrir enfin… Et puis, une
fois encore, nous nous perdions dans les fourrés
inextricables, nous nous enlisions dans le maré
cage
des prairies, et jamais nous ne pûmes, à
genoux, toucher des lèvres et des mains, en
écartant les fougères, l’eau glacée de notre enfance. je me méfie [ ?] je l’avoue d’un critique qui peut [ ?] alors si bassement. Pour prêter tant de méchanceté aux autres, il faut lui en avoir en soi quelques éléments
j’ai toujours entendu…
que de fois l’ai-je reconnue lorsque j’écoutais
Mozart, — musique facile en apparence, départ
aisé, plein de rires et d’appels perdus vers une
source qui existe, qui est là tout près, au secret
de nous-même, et déjà nous sentons sa fraî
cheur
sur nos visages en feu, nous respirons
son odeur de menthe et de mousse mouillée ;
mais non !
due…
Un seul raccourci nous y mènerait si nous
étions digne de la suivre : la sainteté ; car le che
min
de l’enfance où Mozart nous entraîne passe
par Dieu. Le soupir de Par la pureté
exprime
on va à Dieu, déchirante infortuneC’est cette minute d’éveil qui m’a donné la vision de la pureté ! — Par l’esprit on va à Dieu ! Déchirante infortune !
(L’Impossible
,
bien cette sorte de douleur que donne l’échec
spirituel, lié pour nous à la musique de Mozart.
J’ai toujours entendu à travers ce qu’il com
posa
aux derniers jours de sa vie, par exemple
dans l’andante du concerto pour clarinette
sais quel tendre reproche à Dieu, une plainte
d’enfant déçu, ces larmes de la créature quand
elle se regarde et qu’elle se compare à ce qu’elle
devait être dans la pensée du Créateur. Vivre,
pour presque tous, c’est s’éloigner de ce paradis
dont Mozart rassemble les voix, les rires, les
chansons, en une musique déchirante et qui
nous donne un plaisir parfois si terrible qu’il
faut beaucoup de force et de courage pour
l’écouter sans larmes.
Que nous voilà loin du vulgaire hédonisme,
dont nous accuse le chroniqueur de la
Revue française
notre culte est exclusif
, comme si préfé
avait le même sens qu’exclure ! Comme
rer
s’il était possible de détacher Mozart de Haendel,
des Bach, des Haydn, de Beethoven, de Schubert,
des Français qui l’ont précédé et de ceux qui
l’ont suivi, de notre … Mozart des français qui l’ont précédé, de Haydn, de Haëndel, des Bach, de Schubert, de tous les autres et de ceux même d’aujourd’hui, de notre…
Roussel, des Paul Dukas, gloire de l’école fran
çaise
coupable, dans un article d’humeurMusique
dans
le programme de la radio m’avait déçu, et que
je regretterai toute ma vie ; les artistes nous sont
tellement livrés que toute injustice à leur égard
ressemble à une lâcheté. J’ai toujours cru que pour prêter une certaine espèce de méchanceté aux autres, il fallait en porter en soi quelques éléments