Publication information
Facsimile available online from BnF Gallica
magistralvalut le jour même à Mauriac une lettre de félicitations de Paul Claudel (
larmoiement(para. 3). Le texte imprimé est essentiellement celui du
SUR un fond rougeâtre, le pâle
Malraux
ovations
plie,
le poing serré, va-t-il se multi
plier
et faire la roue autour de sa tê
te
d’idole ? Les Indes et la Chine ont
curieusement marqué ce Saint-Just
Pour moi seul, sans doute, dans
cette foule, il rappelle Chan-Ock,
le jeune pirate d’un récit de mon
enfance, dans un L’Enfant qui lisait
,
années 90.
Dès que Malraux ouvre la bou
che, son magnétisme faiblit. Non
qu’il n’y ait en lui de quoi faire un
tribun, et même un grand tribun ;
mais le littérateur lui coupe le sif
flet.
Les images qu’il invente, au
lieu de réchauffer son discours, le
glacent : elles sont trop compli
quées,
on y sent la mise au point
laborieuse de l’homme de lettres.
Ainsi l’aube pressentie de la victoi
re
de Madrid devient pour Malraux
ce reflet de chevaux de bois qui,
dans la glace d’un café, révéla sa
guérison à un milicien aveugle :
ce n’était pas facile à expliquer,
cela semblait interminable ; et nous
n’en sortions plus.
LeLa
commissaire du peuple, sera de
passer du style écrit au style parlé.
Dans les rares instants où il y réus
sit,
son éloquence dégagée du lar
moiement,
nors
politiciens,de la politique devient
coupante à souhait. Je doute qu’il
en ait conscience, car il cherche à
émouvoir comme les camarades ;
mais la sensiblerie n’est pas son
fort : dès qu’il veut attendrir, il
ennuie.
Son exorde fut excellent. M’avait-
il aperçu au fond de la salle ? A
travers cette forêt de poingspoints
dans l'original.
dus,
il reprenait un dialogue inter
rompu
depuis des annéessui[t] depuis ses débuts cet étonnant Malraux
(Prix Goncourt 1933
,
que ce petit rapace hérissé, à l’œil
magnifique, venait se poser au bord
de ma table, sous ma lampe. Alors
il m’adressait la même question
qu’il me jette ce soir, du haut de
cette estrade où l’aviateur, le ris
que-tout
éclipse de sa trouble gloire
le troupeauAlors il agitait pour moi seul la question qu’il m’adressa ce soir du haut de cette estrade où il domine le petit troupeau
de sa trouble gloire
ajouté.
naires
— où les Chamson, les Cas
sougens de la Culture
, ces révolutionnaires nantis
au service du gouvernement du Front populaire (cf. Méchanceté
,
les escabeaux de ses piedsLe Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis un escabeau pour tes pieds.
L’Église a eu ce peuple sous
Pas plus en public, aujourd’hui,
sa coupe... qu’en a-t-elle fait ?
qu’autrefois dans nos conversations
privées, Malraux ne traite la reli
gion
avec dédain. Il hait peut-être,
mais il ne méprise pas. Déjà, à dix-
huit ans, quand il parlait du Christ,
ce réfractaire savait de qui il par
lait.
Rien ne rappelle en lui cette
horrible espèce de vieux radicaux
maçons qui s’attendrissent sur le
doux vagabond de Judée ; Malraux
connaît le Christ : ce doux vaga
saire.
S’il m’avait directement inter
pellé,
je lui eusse répondu : Je
Le Frente
sais ce que les prêtres ont fait de ce
peuple, parce que je sais ce que ce
peuple a fait de ses prêtres : seize
mille ecclésiastiques massacrés, onze
évêques assassinés
popular
Église : grâce à lui, elle ne manque
ra
jamais de martyrsSi pourtant il m’avait interpellé je lui eue répondu : [ ?] nous ce que les prêtres ont fait du peuple parce que ce que ce peuple a fait de ses prêtres seize mille ecclésiastiques et onze mille évêques massacrés
Le fronte populare brute de
Et cependant à Barcelone les [ ?]
Et le Rembla plus que des brochures pornographiques sur l’Église
Le point faible de Malraux, c’est
son mépris de l’homme — cette
idée qu’on peut entonner n’impor
te
quoi aux bipèdes qui l’écoutent
bouche bée. Quoi qu’il ait raconté
de lui, nous ne l’avons jamais cru
tout à fait. Dieu sait pourtant que
ce joueurjoueur
annonce un autre article de Mauriac, consacré lui aussi à un discours prononcé par Malraux (Malraux ou la vie d'un joueur
,
s’engage à fond, perd sa vie, aurait
le droit de ne rien ajouter à son
histoirePrix Goncourt
(
trompe : son démon l’exige.
Il y a de l’esbroufeur dans cet
audacieux, mais un esbroufeur
myope, qui n’a pas d’antennes,
qui se fie trop à notre bêtise. Par
exemple, lorsque l’autre soir, à la
Mutualité
néral
Queipo de Llano
donné
par Radio de bombarder les
hôpitaux et les ambulances pour
,
atteindre le moral de la canaille
il n’arracha pas à cette salle pour
tant
passionnée le rugissement
d’horreur attendu : on ne le croyait
pas. De même, après une descrip
tion
trop soignée de paysans espa
gnols
faisant cortège à des avia
teurs
gouvernementaux blessés
ajouta : Chez l’ennemi, quand
A ce moment, il dut sentir
leurs aviateurs tombent, si l’on n’en
voyait
les carabiniers à leur se
cours,
personne n’irait les rele
ver...
quelque résistance dans la salle, car
il ajouta sauf en
Navarre
Il ne sait pas mentir, voilà le
vrai : il ment mal.
plaire non plus, ce Malraux, en dé
pit
des folles acclamations qui l’ac
cueillent.
Il ne mâche pas les mots
à cette foule venue pour entendre
des paroles consolantes. Toute la
Cette dure vérité, as
questionle problème
verons
à transformer la ferveur ré
volutionnaire
en discipline révolu
tionnaire...
senée
d’une voix mauvaise, répandit
la consternation. Des fascistes tapis
dans les coins se pourléchèrent les
babouines. J’entendis mon voisin
dire à mi-voix : S’ils n’ont pas en
core
résolu le problème, ils sont
cuits.perdus
Lorsque le héros quitta l’estra
de,
la température de la salle avait
baissé. Les acclamations tournèrent
court. Malraux rentra dans sa soli
tude.Et cette réflexion s’imposait à tous les auditeurs [ ?] Lorsque le héros quitta l’estrade la température dans la salle avait baissé…
Il fut acclamé applaudissements mais [ ?] le tempête d’acclimations Les applaudissements