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Coupez un arbre vivant, la sou
che
se hérisse de rejets :
disparu en pleine vie :
sent
Si un journal n’était qu’une feuille
de papier imprimé, il n’aurait pas
de peine à mourir. Mais il y avait
dans
Il excitait plus de haine et plus
d’amour qu’on n’aurait pu l’atten
dre
d’un hebdomadaire aussi mo
destemodeste
.
paru, a subi de rudes attaques. Au
milieu des difficultés qui nous as
saillaient,
nous nous disions : Il
et nous reprenions
existe déjà, puisque déjà on le haït
et on l’aime !
confiance.
La vérité est gênante. Elle ne le
fut jamais plus qu’aujourd’hui
pour certains intérêts puissants.
Que de fois m’a-t-on glissé à
l’oreille : Il y a des choses qu’il
. C’est le jour où
vaut mieux ne pas dire, même si
elles sont vraies
la place qu’il occupait : aux cris
de joie qui saluaient sa dispari
tion,
plus peut-être qu’à la dou
leur
et au désarroi de tant d’âmes.
Oui, ce jour-là, j’ai compris.
Nous dirons ici quelquefois, li
brement
et sans engager personne,
de ces choses qu’il vaudrait peut-
être
mieux taire, quoi qu’elles
soient vraies. Nous savons mainte
nant
que la vérité est entendue,
même dans un petit journal à pe
tit tirage. Une seule vérité répétée
chaque semaine, dans un coin et à
voix presque basse, déconcerte le
mensonge aux mille voix ; une vé-
rité toute simple, comme par
exemple : le Christ est mort pour
tous, il appartient à tous.
En rédigeant ce billet hebdoma
daire,
je penserai beaucoup moins
à ceux qui nous haïssent qu’à ceux
qui nous aiment. J’écrirai pour ap
porter
dans la mesure de mes for
ces
un sujet de réflexion au vi
caire
à l’étudiant à l’instituteur,
au Jociste
apporter quelque chose qu’ils
m’auront donné eux-mêmes, car
j’ai tellement plus à recevoir qu’à
donner ! C’est de cet échange que
vivra notre journal et non de ces
échanges d’injures dont il ne sort
rien.
Ce rejet peut devenir un grand Tous les catholiques sont un dans l’Église. Nous savons
qu’il serait vain — c’est la rançon de la transcendance du
Corps mystique — de vouloir transporter cette unité toute
religieuse sur le terrain des choses humaines et des luttes
politiques. Les catholiques français ne se laisseront jamais
politiquement mettre au pas. Trop souvent on leur a dit,
à droite comme à gauche, à gauche comme à droite
et cela contre le gré de la hiérarchie —, que pour être
vraiment catholiques ils devaient penser et agir selon les
vœux et les intérêts d’un parti. A prétendre leur imposer
des réflexes de droite au nom de l’ordre chrétien, ou des
réflexes de gauche au nom de la conscience chrétienne, on
n’arrivera jamais qu’à les irriter et les diviser davantage.
Il reste que la division n’est pas bonne en soi, et encore
moins les ressentiments et les haines ; et qu’en dehors
même des cas où l’Église elle-même rassemble ses fidèles
pour des campagnes de défense religieuse, et où s’impose
la loi de l’effort commun, il est évidemment souhaitable
que s’établisse entre eux une union aussi large que possible :
et avant tout une union de mutuelle charité. C’est
patiemment et par des voies elles-mêmes chrétiennes, c’est
en faisant appel à l’intelligence et à la liberté que l’on favorisera
le mieux les progrès d’une telle union. Nous croyons
qu’un périodique dont le programme s’inspire principalement
de la liberté catholique est apte à contribuer pour
sa part à ces progrès.
arbre, je le crois, parce qu’il
pousse des racines dans des milliers
de jeunes cœurs, dans ce qu’il y a
de plus humble, de plus héroïque,
de plus pur, parmi les catholiques
de FranceProfession de foi
collective (signée Temps présent
) qui domine la une de ce premier numéro du journal :
Le fait que Mauriac s’approprie cet extrait de Profession de foi
dans ses Rejet
laisse penser qu’il a lui-même participé à la rédaction de cet éditorial collectif. J.-J. Hueber précise : Après l’interdiction de
(une profession de foi
. Celle-ci occupa la première page du premier numéro de