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Il ne faut pas s’étonner que Dieu n’intervienne pas visible
ment
dans le destin de notre corps ; qu’il ne cicatrise pas notre
plaie, qu’il ne fasse pas baisser notre fièvre. Il le pourrait s’Il le
voulait ; mais l’arrêt du mercure dans le thermomètre serait aussi
prodigieux que celui du soleil dans le ciel de JosuéLe soleil se tint immobile au milieu du ciel et près d’un jour entier retarda son coucher
(
tel microbe est aussi nécessaire
que l’influence de la lune
sur la marée.
Songeant au malheur d’un ami qui a perdu plusieurs des
siens dans un accident d’automobile, je me disais qu’exiger de
la Providence qu’elle rompe l’enchaînement des effets et des
causes qui aboutit au capotage d’une auto, c’est attendre d’elle
un aussi surprenant prodige que si nous souhaitions changer le
cours des planètes.
La matière ressemble à un gros jouet réglé une fois pour
toutes, que le Créateur bouleverse, certes, selon sa volonté :
comme il le fit aux jours de sa vie mortelle ; — ou par l’entre
mise
de la Vierge, de ses saintes et de ses saints —.
passe comme si ces interventions n’étaient pas dans ses habi
tudes
ni dans ses goûts — autant qu’on puisse sans ridicule parler
des habitudes et des goûts de l’Etre infini. Il apparaît visiblement
à Lourdes
d’autres préoccupations que celle de la guérison des corps
souffrants, et que le domaine propre de la grâce n’est pas la
nature aveugle et sourde — mais ce royaume intérieur où Dieu
est quelqu’un
Dieu est amour et se manifeste dans le monde des cœursDieu est Amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui.
Cet amour, la matière le reflète parfoisSouvenir de Pâques
, complice
(
où la face de Dieu éclaire visiblement le monde endormi des
matins de printemps où sa pureté se fait lumière, odeur, chant
corporer
à nous ; — mais la matière ne l’intéresse pas parce
qu’elle ne lui résiste pas. Il est amour et la matière ne peut pas
l’aimer, le préférer, le choisir. Ce n’est pas son domaine propre.
Toutes nos prières intéressées tendent à le faire agir, intervenir
dans le Royaume dont les accidents lui importent le moins —
ou ne lui importent que par leur répercussion sur le monde de
l’âme.
Notre maladie, notre guérison, qui sont des effets inéluc
tables
de l’univers physique, deviennent causes à leur tour dans
notre cœur, — mais des causes dont les effets ne sont plus pré
visibles,
puisque notre cœur y réagit selon des lois non fatales
que la Grâce à chaque instant bouleverse.
C’est un sens particulier qu’il ne nous est pas interdit de
donner à la parole : Mon Royaume n’est pas de ce monde
La Grâce vivante a un Royaume d’où elle est libre de sortir,
car tout ce qui est, n’est que par elle et lui appartienttout a été créé par lui et pour lui
(
son Royaume propre tient dans le cœur de l’hommele Royaume de Dieu est au milieu de vous [
au-dedans de vous
].
d’amour et de désir.