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La conférence de Jacques Mari
tain,
à laquelle je regrette amère
ment
de n’avoir pu assister, ne sera
pas répétée et je le déploreLes Juifs parmi les nations
; cf. l’article de Mauriac du 11 mars 1938. Mais cette phrase renvoie également aux polémiques qui ont entouré cette conférence, cf. plus loin.
est un drame qui exige notre inter
vention,
c’est bien celui qui, dans
le monde entier, dresse contre Is
raël
une telle vague de haineDes législations antisémites sont en vigueur en Hongrie, en Pologne, en Roumanie. En Allemagne, les lois de Nuremberg (15 septembre 1935) privent les Juifs de leurs droits de citoyens. En France, la presse d’extrême droite, en particulier
(
La question n’est pas de savoir ce
que nous pensons des Juifs en tant
que Juifs, pas plus que des Auver
gnats
en tant qu’Auvergnats. Avant
même d’examiner les problèmes
que soulève déjà l’exode des persé
cutés
un acte public d’opposition à l’an
tisémitisme.
Nous ne sommes pas libres d’être
antisémites ; même sous cette for
me
prudente qui se traduit chez
beaucoup de chrétiens par cette pe
tite
phrase :
. Dieu sait ce
même, les Juifs…
qu’on exige des Juifs dans leur
!
intérêt même
Gardons-nous d’autant plus de
l’antisémitisme, même larvé, que
nous sommes tous
sans exception — les héritiers de
cette haine séculaire ; sinon de
cette haine, du moins de cette hos
tilité
entretenue en nous, il faut le
dire à notre décharge, par les fau
tes,
par les maladresses d’IsraëlRemerciements et réponse à M. Charles-François Mauriac
, Le
, Centre de Documentation et de Vigilance
remercie M. François Mauriac et lui répond
et par cette flamme redoutable que
la persécution attise en lui.
A ce ferment de haine, j’ai tou
jours
opposé l’admiration que je
ressens pour quelques Juifs, morts
ou vivants, et l’affection que plus
d’un m’inspire. Il n’est pas de
meilleur antidote à la haine de race
que d’arrêter sa pensée sur certains
êtres qui nous sont chers. Il n’est
pas de meilleure réponse aux doc
trines
antisémites que de constater
culture allemande doivent au fer
ment
juif — et ce que doit, en re
tour,
le génie d’Israël aux civilisa
tions
occidentales. (Et je ne veux
pas parler ici de ce que ressentent
à l’égard des Juifs ceux pour qui
le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de
Jacobhommes d’Israël
(
qui Jésus de Nazareth, le fils de Ma
rie,
est un ami, un frère.)
Mais nous n’avons pas à nous
chercher des excuses. Voilà un des
points précis où nous devons nous
désolidariser des partis politiques,
et en libérer avec nous la doctrine
dont nous nous réclamons, l’Église
dont nous sommes les enfants.
La conférence de Jacques Mari
tain
a déplu à M. Le Provost de
Launayde la paix intérieure et extérieure
. Ses propos sont rapportés dans un article intitulé Quand M. Maritain fait l’éloge des juifs
, publié en page 3 de
seLa séance fut houleuse. Le conférencier fut hué, injurié mais aussi applaudi. L’Action française déclencha une campagne preventive pour que Maritain ne puisse redonner sa conférence qui fut effectivement interdite, M. Le Provost de Launay, conseiller municipal de l’arrondissement, ayant opposaé son veto à toute nouvelle prise de parole.
Michel Bresssolette, introduction à la correspondance Maritain-Mauriac.
cœurs que je connais, une immense
espérance : … Ah ! vous ne pou
Il a donc
vez
imaginer, m’écrit ce matin un
jeune Juif, combien sont douces à
un cœur juif éternellement angois
sé,
éternellement anxieux, des pa
roles
comme celles de votre ami.
Peut-être, au-dessus de toutes les
atrocités de ce triste monde, arrive
rons-nous
un jour, Juifs et chré
tiens,
à nous tendre la main. C’est
mon plus cher espoir…
suffi de quelques paroles de jus
tice
pour arracher ce cri, cet appel
à un enfant violemment, presque
furieusement israélite...
Et cela m’apparaît plus impor
tant
que d’avoir remué la bile d’un
vieux parlementaire de droite...
Mon ami juif ajoutait ce post-
scriptum :
Maritain refera la mê
.
Hélas ! non, il ne la re
me
conférence, dimanche pro
chain...
fera
pas. Nous ménageons la haine.