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Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront.(
Dimanche, à Reims, la France a
pris conscience de sa mission. Le
légat du Pape
la vocation de la France chrétienne
dans le monde pour interpréter les
sentiments de tous les Français qui
ont gardé la foi dans leur patrie :
La France, a-t-il dit, a été consti
Le cardinal légat la dé
tuée
messagère de liberté, source
de paix. Mais où est donc cette
liberté ?
signe
d’un mot : La primauté de
la personne humaineidentités
. La défense de l’homme contre les régimes totalitaires serait au centre de l’écriture de Mauriac pendant la guerre, et notamment dans
Nous ne désespérons pas d’une
nation chargée de défendre, comme
le proclamait encore l’archevêque
de Reims, ce que saint Paul ap
Ainsi donnait-il un démenti
pelle
bérer
l’homme de toute servi
tudeLa loi de l’esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t’a affranchi de la loi du péché et de la mort.
à cette campagne de démission
poursuivie sournoisement dans
une partie de la presse française.
Car c’est au rôle qui est con
fié
que nous jugeons de l’impor
tance
d’un protagoniste. Quand on
découvre ce qui repose, aujour
d’hui,
entre les mains de la Fran
ce,
quand ce dépôt sacré
à tous les yeux, il n’est plus possi
ble
de douter d’elle, ni de ce qui
lui reste encore à accomplir.
Mais qui ne voit qu’en face des
manifestations spectaculaires
tie
française n’a pas assez souvent
l’occasion de prendre conscience
d’elle-même et de son rôle provi
dentiel ?
Les lieux sacrés de l’Église de
France et les grands souvenirs qui
s’y rattachent devraient être plus
souvent le rendez-vous proposé à
tous ceux qui croient que la Nation
à laquelle ils appartiennent est
toujours la grande Nationfut d’abord donné à la France républicaine.
Las Cases écrit de son côté : L’Empereur disait alors avoir été celui qui le premier avait salué la France du nom de
(Bibliothèque de la Pléiade
, Gallimard, 1948, p. 412).
En montrant cette force-là, qui
est toute spirituelle, nous assure
rons
la Paix. Car ce qui se dresse
entre la guerre et nous, la dernière
barrière qui nous sépare de cette
horreur, c’est le doute, c’est l’hési
tation
du chancelier allemand et
de ceux qui l’inspirent, touchant le
degré de notre décadence. Ce vi
sage
humilié de la FranceLa France n’a qu’un visage
, article du 25 février 1938. La faiblesse militaire de la France est compensée par sa grandeur spirituelle. Mauriac s’accroche désespérément à la conviction que l’exemple français garantira la paix.
grimace que certains journaux
français lui imposent, il ne la re
connaît
plus. La cathédrale de
Reims a tenu bon. L’unité fran
çaise
tiendra. La présence du chef
de l’État et des ministres du Front
populaire, sous ces voûtes qui ont
vu Jeanne d’Arc, l’avertissent que
la France, le jour où il lui saute
rait
à la gorge, ne serait plus qu’un
corps et qu’une âme, défendue par
les vivants et par les morts.