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Les paroles de Hitler à l’égard de
la France nous retiennent moins
que ses actes, ou plutôt c’est à
l’écart entre ses actes et ses paroles
que nous mesurons notre confiance
Qu’y a-t-il de vrai dans ce qu’on
nous rapporte de la propagande
allemande en Alsace ? Est-il exact
que les fonds de commerce n’y res
tent
pas longtemps à vendre et que
ce sont les Allemands qui les achè
tent ?
Est-ce un hasard si l’édition
de
boulevards de Paris a été expur
gée
avec soin de toutes les mena
ces
qui nous concernent, et même,
m’assure-t-on, d’un certain chapitre
sur le bon usage du mensonge ? Me
trompe-t-on lorsqu’on m’affirme
que telle grossière feuille antisémi
te,
distribuée sur les mêmes boule
vards,
est traduite mot pour mot de
l’allemand et que les traducteurs
ne sont même pas de chez nousfrancophile
Otto Abetz. Des journalistes français — et même des journaux ! — furent achetés par des promesses de publication en Allemagne. Le quotidien ouvertement fasciste de Doriot,
Il n’existe pas de désastres irré
parables
en politique extérieure. La
seule victoire allemande qui nous
nazisme cherche à obtenir sur l’es
prit
français. Ici, ce qui est en jeu
dépasse infiniment la France elle-
même.
Nous ne saurions trop le
répéter : que nous le voulions ou
non et quels que soient nos fau
tes,
nos manquements, nos trahi
sons,
nous n’en demeurons pas
moins, en face du nazisme triom
phant,
les dépositaires d’un trésor,
d’une perle sans prix, que nous ca
chons
comme le petit Tarcisius
pressait contre sa poitrine les Sain
tes
Espècescet enfant […] qui traverse l’Église primitive avec l’eucharistie contre sa poitrine, et qui préfère mourir plutôt que de livrer ce Dieu qu’il porte caché sous sa tunique
(Mauriac,
Et si quelques-uns jugent que
c’est faire trop d’honneur à une
vieille nation coupable et humiliée
que de la comparer à un enfant très
pur et qui meurt pour ne pas livrer
son Dieu, je répondrai que le vrai
visage et le vrai cœur des nations,
c’est le visage et le cœur de leur
jeunesse, — et qu’en France ce sont
des mains pures qui tiennent forte
ment
la perle sans prix et qui la ser
rent
contre un cœur où Dieu est
vivant.