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Cette trêve de Noël en faveur de
laquelle on nous avait prié d’écrire
des articles se sera donc muée en
offensive. Il faut plus de temps à
l’humble journaliste pour achever
sa page qu’au grand chef pour
donner le signal de la danse.
Nous ne nous étions guère
pressé, d’ailleurs, ayant beaucoup
appris depuis deux ans : on de
vient
raisonnable avec l’âge ; on
n’ignore plus que la naissance de
l’Enfant qui sera crucifié ne sau
rait
interrompre les vastes desseins
du chef de la Sainte Croisade. Du
rant
la nuit bienheureuse, ses ca
nons
auront fait plus de bruit que
les anges, plus de besogne aussi.
Il a ses théologiens. Il a appris
de science sûre que saint Thomas
approuve cette offensive menée en
vue du bien commun. Les théolo
giens
du Tercio, qui sont profonds,
savent que la trêve de Noël eût
constitué un grave manquement à
la charité chrétienne.
Cependant, des deux armées,
des deux tronçons du même peu
vers la paix. Et les enfants de Bar
celone
meurent de faim : au mi
lieu
d’une miracn1euse indiffé
rence,
il faut oser le dire et l’écri
re.
Un religieux de mes amis a
essayé de réunir les signatures des
femmes de personnages notables…
il a échoué. Un autre appel est
étouffé par beaucoup de jour
naux…
Des enfants rouges, bien
sûr ! mais ils ne doivent plus être
si rouges que ça, les pauvres petits.
Soyons juste : ce n’est pas la
faute du général Franco s’il a af
faire
à des vaincus qui résistent !
On ne peut rien attendre d’un en
nemi
de mauvaise foi qui, contre
toute évidence, s’obstine à ne pas
se tenir pour battu. Et ce n’est
pas non plus la faute du noble Croisé
si, lorsqu’il traitait avec l’étranger,
il ignorait que cet étranger-là
n’avait aucune espèce de goût
pour la transaction : il ne pouvait
deviner que les Italiens avaient ré
solu
de se battre jusqu’au dernier
Espagnol.