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La charité chrétienne a parfois
d’étranges détours, et la prudence
aussi, qui est une vertu. Un char
mant
professeur au Collège de
France, M. Bernard Fay
vie
de dire leurs quatre vérités à
quelques écrivains français. Mais
c’est une belle âme et il craignait
de leur faire de la peine. Il réso
lut
donc d’aller chercher au Ca
nada
le plaisir de dire tout haut à
Montréal ce qu’à Paris il pense…
très bas.
Malheureusement, comme on
écrit, dans les romans policiers,
l’Argus
veillait, et nous qui
sommes ses camarades, nous n’i
gnorons
plus rien aujourd’hui de
ce qu’il a raconté aux Canadiens,
touchant le roman-spasme
français.
En ce qui me concerne, je lui
pardonne bien volontiers, et je
trouve même assez comique ce
qu’il a osé dire de mon œuvre.
Mais bien que je nourrisse peu
que je n’eusse jamais cru qu’il se
trouverait chez nous un écrivain,
un membre de l’Université, pour se
livrer, à propos d’un de nos con
frères,
et devant un auditoire
étranger, à une allusion abomina
ble :
M. X… a deux instincts,
l’un dont je ne parlerai pas…
Le journaliste canadien note
que l’auditoire laissa fuser quel
: ce fut,
ques
rires contraints
sans doute, à l’endroit de la con
férence
où M. Fay accusa Bernanos
de s’être livré à une infamie
et,
en effet, c’était assez drôle.
C’est la première fois que je con
sacre
mon billet à une question de
cet ordre. J’aurais pu faire l’hon
neur
à M. Fay, professeur au Col
lège
de France, d’un quotidien à
gros tirage. Mais notre homme est
catholique et nous sommes ici en
famille. Que les lecteurs de
Présent
ner
ce linge sale.