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Quelques-uns pour étendre leur
Nous ignorons ce que Bos
renommée entassent sur leur per
sonne
des pairies, des colliers d’or
dre,
des primaties, la pourpre, et
ils auraient besoin d’une tiare. Mais
quel besoin a Bénigne d’être cardi
nalDu mérite personnel
, des Trophime
qui renvoie au cardinal Le Camus, évêque de Grenoble.
suet,
que vise ici La Bruyère, eût
fait de la pourpre, mais le cardinal
Pacellinoblesse
et la sainteté
(Les Beaux Jours de Rome
,
peut transformer toutes les gran
deurs
qui l’accablent en une cellule
où son oraison ne s’interrompt pas.
Le plus souvent l’obéissance,
l’humilité recouvrent, cachent aux
yeux la vie de la Grâce dans une
âme consacrée. Mais il arrive aussi
que cette vie soit manifestée dans
une sorte d’ostension et que les
honneurs, les hautes charges et tout
le faste humain servent de support
à ces vertus dont l’essence est d’être
cachées.
Des diverses missions dont le Lé
gat
du Pape était chargé à Paris et
à Lisieux
celle dont son humilité n’eut sans
doute aucune conscience et qui était
de rendre évidente et comme tan
gible
à des hommes qui l’ignoraient
ou qui en avaient perdu le souve
nir,
la puissance temporelle de la
sainteté catholique.
Cette puissance éclate aux re
gards
avec plus de force à l’heure
où de toutes les idéologies dont les
hommes s’aident pour vivre, il n’en
est guère qui ne battent de l’aile et
dont nous ne connaissions la bles
sure.
La Société des Nations n’est
plus qu’une grande espérance assas
sinéeBilan
,
fond du palais élevé à sa gloire
qui lui sert de tombeau, bercée dans
son néant par les discours et par
les machines à écrire des fonction
naires
de la paix.
Une autre espérance est atteinte,
en dépit des foules qu’elle soulève
encore : nous ne pouvons mesurer
la portée des événements de Mos
cou
dans les cœurs et dans les es
prits.
Combien faudra-t-il de mois,
d’années, pour que les masses ou
vrières
découvrent la vérité sur la
dictature stalinienne
les meilleurs, les plus désintéressés,
ceux qui, sans calcul et sans ruse,
attendaient la révélation de nou
veaux
cieux et d’une nouvelle terreCe sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera.
ceux-là commencent à crier, et on
n’étouffera pas leur cri. André Gide
ajoute un corollaire à sa première
dépositionRetour d’URSS
ble
que la vocation aura été d’at
teindre
l’extrémité de bien des er
reurs
humaines pour en rapporter
contre elles un témoignage candide
et irrécusable.
Mais ce que nous voudrions faire
entendre ici, c’est le gémissement
d’un homme jeune, à la première
page d’une jeune revue de gauche
le lendemain de l’exécution du ma
ce qu’il a ressenti : … de la stu
peur,
un désarroi presque panique
devant cet écroulement si total de
ce qu’on nous avait présenté, dans
une perspective cosmique, comme
le témoignage de la carence des chré
tiens,
et que nous pouvions prendre
au moins pour une des grandes es
pérances
humaines de ce siècle ;
que tant de générosité, tant de foi,
tant de pureté se révèlent ainsi inu
tiles,
bafouées, dévoyées, il nous
semble que cela dépasse la condam
nation
que chaque conscience pour
rait
formuler ; il ne s’agit plus de
juger, de renier : la monstrueuse
humiliation retombe sur chacun
des hommes.
Nous ne rapportons pas ces pa
roles
pour en triompher, mais pour
en tirer une leçon. Ce qui fait la
puissance d’un mouvement, c’est
l’adhésion des cœurs purs, de ceux
qui, selon la Béatitude, posséderont
la terreHeureux les doux : ils auront la terre en partage
(Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu
(
n’aura plus en France d’autres par
tisans
que ceux qu’il nourrit et que
dès aujourd’hui leur silence juge,
l’étoile soviétique pâlira.
Par contraste, tandis que le Lé
gat
du Pape priait et vivait au mi
lieu
de nous, le catholicisme nous
est apparu plus dégagé, plus libre
qu’il n’était naguère, de certaines
servitudes. En dépit de malenten
dus
séculaires, nous sentions que
des esprits qui paraissaient le moins
faits pour la comprendre, deve
naient
sensibles tout à coup à la
vérité adorable. Ils nous avouaient
leur joie de n’avoir pu venir à bout
de cette puissance que leur jeunes
se
avait combattue. Au-dessus d’un
monde tourmenté, ils saluaient
Pierre
ouverte à tous les hommes ; ils en
trevoyaient
la signification de ce
calice élevé à Notre-Dame de Paris
par le Cardinal-Légat
de la foule invisible des saintes et
des saints de France qu’il avait ap
pelés
par leurs nomslitanie
. Le célébrant invoque des saints aux noms desquels l’assistance répond par De grâce, écoute-nous
ou par Priez pour nous
.
Que n’ont-ils assisté, samedi soir,
ces adversaires, à la fête nocturne
des J.O.C.Victoire du cœur
,
travail dont 80.000 ouvriers et ou
vrières
étaient les protagonistesCinquante mille Jocistes ont assisté hier soir à la Fête nocturne du Travail
,
Lorsque apparut, encadrée par les
porteurs de flambeaux, cette gran
de
croix nue et sombre couchée sur
de jeunes épaules, quand l’Arbre se
leva lentement au-dessus de l’autel
édifié par tout un peuple, ils au
raient
compris qu’un des faits nou
veaux,
peut-être le plus important
de notre époque tourmentée, c’est
la délivrance de cette croix, rendue,
restituée aux jeunes travailleurs de
France — cette résurrection dans
leur cœur de ce Dieu dont ils ne se
ront
plus jamais séparés.