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Gros-Jean qui en remontre à son curé.
L’autre dimanche, un prédica
teur
commentait ces deux mots de
la Salutation angélique, pleine de
grâceRéjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi.
De même que lorsqu’on
dit d’un récipient qu’il est plein, ce
la
signifie qu’on n’y pourrait faire
entrer une goutte de plus, de même
nous devons comprendre que la
Vierge, étant pleine de grâce, avait
reçu toutes les grâces possibles…
Cependant, j’observais les fidèles.
Un enfant jouait avec le chapelet
de sa mère ; un autre, rivé à sa
chaise comme il eût été attaché à
un poteau, tournait en tout sens sa
petite tête désespérée. Des jeunes
gens dressaient des visages que l’ab
sence
de toute pensée faisait
resplendir de cette beauté terrible
qu’ils recevront un jour de la mort.
Et je songeais qu’il n’existe qu’un
seul sermon possible — que le thè
me
en soit emprunté à l’Écriture,
au dogme ou à la morale, c’est de
mettre en lumière la miraculeuse
opportunité de la doctrine catholi
que
pour résoudre à la fois les pro
l’histoire du monde où nous som
mes
vivants, et ceux que soulève cet
te
autre histoire, celle qui se dérou
le
au dedans de nous : notre dra
me
individuel, notre secret, notre
mystère.
Rien n’importe que de dresser
contre les doctrines vieilles comme
l’erreur, ce que Claudel appelle
l’éternelle enfance de Dieu
. J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’éternelle enfance de Dieu
, Paul Claudel, Ma conversion
, Bibliothèque de la Pléiade
, Gallimard, 1965, p. 1010. Le 28 avril 1934, Mauriac avait ainsi conclu l’article Le Mal de jeunesse
dans Je ne sais plus où j’ai lu ce mot profond
.l’éternelle enfance de Dieu
Mais, très souvent, la Vérité qui
nous est proposée s’anéantit dans
un tel linceul de poussière qu’on
souhaiterait de ne plus jamais en
tendre
que la parole du Christ,
toute nue, ou les épîtres fulguran
tes…
Tout à coup, une flamme s’allu
ma
dans les yeux des jeunes gens :
la vie arrachait de leur visage le
masque de la mort. C’est que le
prédicateur prononçait, touchant la
grâce du ciel qu’il nous souhaitait,
les paroles annonciatrices de la dé
livrance :
le sermon était fini.