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Je me souviens de mes pieds
gonflés d’engelures quand j’étais
enfant, de cette angoisse au petit
matin lorsqu’il fallait se hâter vers
la sombre rue du Mirail où j’allais
en pensionla promiscuité du collège, à dix ans, me faisait souffrir…
(
souffrance). Je me rappelle ces ré
créations
où je ne pouvais pas cou
rir,
où je pleurais de froid. Aujour
d’hui,
par cette température
inhumaine, ces souvenirs m’incli
nent
à plaindre d’abord les enfants
dans les cours d’asiles, les soldats
dans les cours de casernes, les reli
gieux
et les religieuses dans leurs
cellules, les prisonniers…
C’est par des jours pareils qu’il
faut relire la prose sublime de
Rimbaud : Sur les routes, par
.
des nuits d’hiver, sans gîte, sans
habits, sans pain, une voix étrei
gnait
mon cœur gelé : Faiblesse
Au matin,
ou force : te voilà, c’est la force.
Tu ne sais ni où tu vas, ni pourquoi
tu vas ; entre partout, réponds à
tout. On ne te tuera pas plus que
su tu étais cadavre.
j’avais le regard si perdu et la con
rencontrés ne m’ont peut-être pas
vuMauvais sang
,
Pour les garçons espagnols que le
général Franco et le gouvernement
de Negrin
autres, comment réagissent-ils à ce
nouvel ennemi, à cette atroce
cruauté de la matière aussi méchan
te
que les hommes, à ce surcroît
de souffrance qui ne leur vient plus
de bourreaux, mais d’un monde
aveugle et sourdJe cherche, un soupirail. Quel sens peut donc avoir / Ce monde aveugle et sourd, cet édifice noir
(L’Océan d’en haut II
,
pauvre chair consciente et tortu
rée ?
Puissent-ils découvrir le fleuve
qui coule invisible sous ce monde
glacé, un fleuve brûlant de grâceun fleuve de grâce
à quatre reprises au Huitième Jour
de son long poème brûlant
fait penser au
un amour. Dieu veuille que du fond
des tranchées et des cachots, du
fond des camps de concentration,
de tous les cercles de l’enfer hu
main,
durant la nuit de Noël, des
milliers de martyrs rendent témoi
gnage
à cet amour, et se tournent
vers Celui qui en est la source éter
nelle.