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La nature est aussi redoutable
que les hommes. Ici, je ne pense
plus à la guerre, mais à la gelée et
à l’incendie. De ma terrasse
autour de moi toutes mes vignes
que chaque aurore menace de sa
gelée blanche, j’aperçois au loin
les vagues de feu qui dévorent la
forêt à quelques kilomètres des
pins de mon enfance.
Faut-il prier pour demander la
pluie ? Mais si mes vignes ne sont
pas encore gelées, c’est grâce à la
sécheresse. Partout où il a plu, le
froid a détruit les bourgeons. Il
est vrai aussi que, sans pluie, les
incendies vont se multiplier dans
la lande — toutes les petites ré
coltes
seront perdues dont les gens
d’ici tirent leur subsistance de cha
que
jour.
Nous ignorons ce que nous de
vons
désirernous ne savons que demander pour prier comme il faut
.
cette acceptation qui, chez la plu
part,
n’est pas d’essence chrétien
païenne que le ferment du Christ,
chez quelques-uns, rend héroïque.
Le paysan vit entouré de fléaux.
Il souffre pour cette terre qu’il
aime
par le feu (par le feu de la terre
et par le feu du ciel), il sait que le
miracle, c’est d’obtenir en au
tomne
de quoi se nourrir pour re
commencer
la lutte contre les élé
ments.
Notre monde intérieur, menacé
aussi par la flamme et par la glace,
lui, du moins, n’échappe-t-il pas
tout entier à notre emprise. Ici les
éléments nous sont soumis, ou du
moins demeurent sous notre rela
tive
dépendance. Et Celui qui n’in
tervient
pas visiblement pour sau
ver
nos pins des flammes, et pour
réchauffer notre vigne transie, ap
paraît
souvent sur les vagues sou
levées
de notre cœur : et le vent
s’apaise, et il se fait un grand
calmeEt le vent tomba et il se fit un grand calme
(