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C’est un signe de grâce que
d’aimer la solitude. Non qu’il
soit jamais profitable à l’hom
me
d’être seulYahvé Dieu dit :
Il n’est pas bon que l’homme soit seul. […]
.
chérit la solitude, c’est juste
ment
parce qu’il ne s’y sent pas
seul, et que Quelqu’un demeure
avec lui.
Il est plus aisé de quitter la
solitude que d’y revenir. D’une
plongée dans le monde, notre
âme remonte chargée de va
rechs,
de coquilles vides et de
sable
se déroule devant nous qui n’y
pouvons plus rien changer.
Nous réentendons chaque pa
role
qui nous a échappé et que
nous ne pouvons plus repren
dre.
Notre amour-propre sai
gne.
Nous avons été blessés, irrités.
Des répliques nous viennent
maintenant, — trop tard ! —
j’aurais dû lui répondre…
songeons-nous.
Il faut attendre la fin de cette
agitation, la dispersion des ima
ges,
l’apaisement des nerfs. Si
nous étions sages nous garde
rions
le silence dans ces débats
où chacun ne songe qu’à cher
cher
des arguments au service
profit le sens des mots… Surtout,
lorsqu’on a la possibilité de dé
fendre
ses idées par la plume, à
quoi bon parler ?
Nous nous moquons des fem
mes
qui parlent avant de pen
ser…
Mais qui de nous n’est fem
me
sur ce point ? Se faire dans le
monde, s’exprimer dans la soli
tude :
ce devrait être notre loi.
Le soir, dans la maison endor
mie,
devant la page que la lam
pe
couvre de sa lumière, nous
interrogeons, avant d’écrire,
Quelqu’un qui est là… ou plutôt
nous l’écoutons, nous essayons
de recueillir, d’exprimer en lan
gage
humain cette parole à la
fois perceptible et insaisissable,
dont nous ne pouvons rendre
qu’un écho confus. Et même,
le plus souvent, rien ne subsiste
dans cette prose infirme de ce
souffle qui nous a traversés.
Du moins a-t-elle été écrite
dans la paix et dans le silence.
Elle n’est pas chargée, comme
nos paroles du monde, de rage,
de moquerie. C’est la respira
tion
calme d’un esprit, si j’ose
dire, que l’on y surprend, le re
cueillement
de l’âme que la
prière sépare du sommeil.