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Deux témoignages demeurent, en
tre
tous ceux qui ont été donnés
depuis deux ans, celui de Gide
et celui de BernanosAndré Gide au pays des Soviets
) et p. 368–78 (Les Grands Cimetières sous la lune
).
pas reçu de réponse, qui ne seront
pas réfutés et devant lesquels l’ad
versaire
hésite entre l’insulte et le
silence.
Gide, communiste, a nié que le
régime de Staline fût le régime de
la justice. Bernanos, catholique, a
chassé le crime de cette ombre où
il s’était tapi, au pied de la Croix
Et ce n’est pas un hasard que ces
deux témoignages nous viennent de
très grands écrivains.
Le talent est ennemi du menson
ge ;
ou plutôt un menteur, un ca
lomniateur,
ne saurait être ni un
véritable romancier, ni un histo
rien
véridique, ni un critique juste.
Qu’il ne puisse pas être non plus
un poète, cela va sans dire : le poè
tre,
au delà des apparences, ce qui
est.
La vocation d’un écrivain est
d’atteindre le vrai. Les uns le cher
chent
de tout leur cœur, les autres,
de tout leur esprit. D’autres enfin
savent concilier l’esprit et le cœur :
mais ces divergences n’empêchent
point qu’on reconnaisse au même
signe, à droite et à gauche, ceux
qui seront les maîtres.
Le menteur en politique est aussi
un menteur dans son art. L’indiffé
rence
à la souffrance des hommes ne
saura jamais peindre les hommes.
La devise par tous les moyens
le beau et le vrai sont confondus
.
désigne la catégorie d’individus dé
pourvus,
même sur le plan esthéti
que,
du don essentiel, qui est le
don de choisir, à la lumière de cet
te
flamme où le beau et le vrai sont
confondus.