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Un WeidmannRéflexions sur la guillotine
dans la Bibliothèque de la Pléiade
, 1965, p. 1025.
dans le mal et n’assigne plus de
limite au crime bénéficie d’un
pouvoir presque surnaturel sur les
gredins médiocres dont la piste
coupe la sienne. Il les attire, les
absorbe, les engloutit. Il impose,
par sa seule approche, à des petits
voleurs, à des modestes maîtres-
chanteurs,
un rôle dont l’horreur
les dépasse.
A peine ont-ils touché la main
de Weidmann… Les voici enchaî
nés
au crime. Plus aucune aide à
attendre de la société ; nul secours
humain. Un maître les tient qui
n’a plus rien à perdre. Et leur
obéissance même à ses pires des
seins
ne les met pas à l’abri de ses
coups. Leur soumission ne les ab
sout
pas du crime de
lit
d’
à les abattre et ils le savent.
Il leur reste de le fuir. Mais leur
destin est à jamais rivé au sien.
Dès qu’on a tenu Weidmann, on
les a tenus aussi. La police n’a pas
eu à se déranger : il lui a suffi de
tirer sur la chaîne.
Inutile exemple : les grandes
villes, ce soir encore, seront peu
plées
de complices et de victimes.
Comme si l’histoire de Weidmann
ne remplissait pas les colonnes de
tous les journaux du monde, de
mauvais garçons recevront d’af
freux
mots d’ordre ; les femmes
jeunes et belles suivront un in
connu,
monteront avec lui dans
une auto, le cœur aussi léger que
pouvait l’être celui de Joan de
Koven, la petite danseuse
aucun exemple ne sert, aucun se
cours
ne vient du dehors. La grâce
perdue, c’est le bouclier rejeté,
c’est l’armure qui ne nous défend
plusl’armure de Dieu
donnée par saint Paul (
surtout, annihile l’instinct de
conservation, précipite la pauvre
chair dans le piège tendu. Que le
crime puisse avoir un visage jeune
et beau, un tendre regard, des mains
caressantes, les victimes de Weid
mann
l’avaient vu peut-être ; elles
l’avaient oublié : ce n’est pas
l’amour qui est aveugle, mais le
désir. Le péché nous crève les
yeuxDe l’inacceptable prestige de Weidmann
, in