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Cette fièvre de plaisir en ce
moment de l’année, les fleurs aux
devantures, tant de victuailles ac
cumulées
pour les goinfreries
d’une seule nuit, témoignent d’un
monde qui, ayant, perdu la mé
moire,
cède à une réminiscence
obscure et fait des gestes dont la
raison profonde lui échappeConte de Noël
, publié dans le recueil
Il sait vaguement qu’il est ar
rivé
quelque chose d’heureux,
qu’ une immense espérance a
, mais quelle
traversé la terreL’Espoir en Dieu
,
espérance ? Si vous interrogiez au
hasard quelques-uns de ses sou
peurs,
si vous arrêtiez les gens sur
les boulevards pour leur demander
compte de cette espérance, et pour
qu’ils vous rendent raison de leur
joie, vous vous heurteriez à un
sourire moqueur, à un haussement
d’épaules… Tout ça, c’est de
vieilles histoires auxquelles on ne
croit plus, bien sûr… Mais surtout
de vieilles histoires qu’on ne con
naît
pas, parce qu’on ne les a ja
mais
apprises.
Un de mes amis, en Provence, a
entendu un homme demander à
son camarade, devant une croix de
mission plantée au bord de la
route : Qu’est-ce que ça repré
sente ?…
Quel est ce petit En
fant
adoré depuis tant de siècles et
même aux époques les plus som
bres
et les plus sanglantes, oblige
les peuples à manifester de la joie ?
Cette espérance qu’on n’arrive
pas à tuer, et qui sans cesse, coupée
et détruite, repousse, refleurit,
elle est le bien le plus précieux
des pauvres hommes. Ils savent
qu’au moins cette nuit, ils ont le
droit d’être heureux… Heureux ?
Et comment le seraient-ils, sinon
en mangeant et en buvant ? Ils
ignorent tout de ce petit Enfant,
et surtout que son secret est un
secret de bonheur où il s’agit aussi
d’un breuvage et d’une nourriture,
d’un pain rompu, d’une coupe of
ferte…
Pourtant ils en savent assez,
pour être meilleurs cette nuit-là,
plus tendres avec les leurs, plus
enclins à l’aumône. Même s’ils
l’ont oublié, ils sentent profondé
ment
que Noël, c’est la nuit où la
charité est née. O racine qui ne
pourra plus être extirpée ! Se
mence
que l’ennemi ne détruira
pas
toire !
Parce qu’un Enfant est cou
ché
dans la paille, depuis le règne
d’AugusteOr, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité
(
pourra plus faire, de ce monde, un
monde sans charité.