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cauchemarévoque évidemment le spectre d’une guerre avec l’Allemagne nazie, éventualité qui se profilait à l’horizon depuis plusieurs années en raison de l’agressivité du discours et de la politique d’Hitler. La menace d’une nouvelle conflagration avait néanmoins été momentanément écartée par les accords de Munich, obtenus à l’arraché le 30 septembre 1938 grâce à l’entremise de Mussolini, mais non sans déshonneur, puisque la Grande-Bretagne et la France avaient abandonné la Tchécoslovaquie au Troisième Reich.
Je sais bien que nous nous re
delà de ce grand mur de Versail
les
abattu par le poing allemand
une route inconnue s’ouvre pour
nous, pleine d’embûches.
Mais il reste que la guerre a re
culé
et que la Bête a été maîtrisée
dans le moment même où elle s’ap
prêtait
à bondir.
La volonté de quelques hommes
a été la plus forte : quelques hom
mes,
des démocrates. Ils n’ont eu
recours à aucune des idoles qu’on
a coutume d’attribuer aux démo
craties.
Ils n’ont brandi aucun
mot à majuscule. Ils n’ont parlé ni
de Droit, ni de Justice. Ils ont été
humains, simplement.
Peut-être même ont-ils réveillé,
dans des adversaires en apparence
sans entrailles, une émotion, un
remords obscurs, une pitié pour
ces millions d’enfants des hommes
la boucherie…
Qu’elle nous touche, la joie dé
lirante
de ces pauvres peuples do
ciles !
La même joie à Berlin, à
Paris et à Londres
puissance
à se haïr ! Oui, la guerre,
en ratant ce dernier bond, nous
aura révélé cette unité de la fa
mille
humaine.
Mais ici, notre tâche sera dure :
Déjà
mandent
des comptes les uns aux
autres.
La guerre règne toujours et plus
que jamais dans les cœurs et dans
les esprits.
Dès demain nous recommence
rons
donc notre effort. Pour au
jourd’hui,
nous avons le droit de
respirer, de bénir Dieu, d’écouter
nos enfants faire des projets, de
regarder leurs poitrines intactes et
leurs mains qui n’ont pas versé le
sangOn vous donnait le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.
(You were given the choice between war and dishonour. You chose dishonour, and you will have war.
Cité par Stephen J. Lee, J’ai donc approuvé Munich sur le moment, mais sans illusion, comme le montre le billet écrit huit jours plus tard. En fait, je pensais à mes deux fils et ce fut cette angoisse provisoirement apaisée qui m’inspira d’abord.