Œuvre journalistique de François Mauriac 1937-1938

Boulogne-Billancourt

Vendredi 28 octobre 1938
Temps présent

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BILLET

BOULOGNE-BILLANCOURT[1][1] Article non repris.

par François MAURIAC.

Dimanche, à Boulogne-Billan-
court, dans une cité ouvrière de
97.000 âmes[2][2] La ville de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a connu une expansion spectaculaire dans la période de l’entre-deux-guerres sous l’impulsion de l’industrialisation. D’après le recensement de 1936, la ville avait une population de 97 379 personnes., les catholiques pour-
ront prendre conscience de cette
richesse spirituelle dont ils ont
reçu le dépôt, et que la guerre eût
atteinte et détruite à sa source
même.

Une manifestation syndicale et
sociale réunira les représentants
de la confédération française des
travailleurs chrétiens[3][3] La Confédération française des travailleurs chrétiens fut créée en 1919. Ce syndicat, présidé par Jules Zirnheld (1876-1940), incarna une forme du catholicisme social et dut s’imposer, non sans difficultés, au patronat chrétien et au gouvernement du Front populaire qui pensait ne négocier qu’avec la CGT. On comptait 400 000 adhérents à la CFTC en 1937., de la jeu-
nesse ouvrière chrétienne (J.O.C.),
de la ligue [Note: On lit « ligne » dans l’original.] ouvrière chrétienne[5][5] La Ligue ouvrière chrétienne fut créée en 1935 par des « anciens » de la JOC qui n’avaient plus de structures de regroupement adaptées à leur âge., de
l’union sociale des ingénieurs ca-
tholiques[6][6] L’USIC, issue de l’Union des ingénieurs catholiques (1892), fut fondée en 1906 par le père jésuite Henri-Régis Pupey-Girard (1860-1948). Regroupant des élèves ingénieurs et des anciens élèves, l’USIC était administrée par des laïcs et avait une vocation syndicale., de la confédération fran-
çaise des professions[7][7] La CFP était la contraction de la Confédération française des professions commerciales, industrielles et libérales, union économique des catholiques. Elle naquit en 1926 de la fusion de l’Union fraternelle du commerce et de l’industrie fondée par Léon Harmel en 1889, et des Unions fédérales professionnelles de catholiques créées en 1899. La CFP regroupait initialement des éléments patronaux, mais s’étendit aux professions libérales. On comptait 12 000 membres de la CFP en 1935., des amis des
semaines sociales[8][8] Fondées par Marius Gonin et Adéodat Boissard, les semaines sociales étaient des universités itinérantes qui se tinrent à partir de 1904 pour aborder des thèmes sociaux à la lumière de l’enseignement social de l’Église. , des secrétariats
sociaux[9][9] Associations catholiques sociales mettant à la disposition des acteurs sociaux une documentation et des experts afin de les conseiller dans leurs démarches. et des amis de Temps Pré-
sent
.

M. André Mercier, président
des sections intersyndicales de la
C.F.T.C. dirigera, le matin, un
échange de vues sur le syndicalis-
me chrétien et la famille et en par-
ticulier, sur les conditions d’exis-
tence de la famille ouvrière et sur
le travail féminin.

Après le repas amical, qui aura
lieu à la Maison du Jeune Métallo
(131, rue de Silly), Grégoire Le-

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clos et sa troupe joueront De l’Or
sous la Cendre
[10][10] Comédie dramatique en 4 actes publiée par les Éditions Spes en 1937, interprétée à cette occasion par la troupe « Les Tréteaux de Grégoire » . Grégoire Leclos fut aussi l’auteur de la pièce Notre-Dame de La Mouise (Éditions Spes, 1931)., à la salle des fêtes
de Boulogne[11][11] L’actuel TOP (Théâtre de l’Ouest Parisien)..

A une époque si trouble, où
chacun s’interroge, cherche une di-
rection, l’action sociale catholique
nous offre un terrain solide, au-
dessus de tout ce qui divise. Ici,
nous sommes assurés d’être dans le
vrai. Une cité ouvrière chrétienne
s’édifie lentement, indépendante
de toutes les forces d’oppression,
mais aussi des partis politiques et
des organisations révolutionnaires[12][12] Allusion au Parti communiste et à la CGT..
Que chacun de nous y apporte sa
pierre.

Ce qu’il y a peut-être de plus
vivant et de plus jeune dans la
France d’aujourd’hui, c’est ce
peuple chrétien que nous voyons
renaître : il sait ce qui lui est dû,
et il sait aussi ce qui est exigé de
lui. On ne le manœuvrera pas aisé-
ment, parce qu’il a retrouvé son
âme et que la vérité l’a rendu
libre.

N. B. — La réunion du matin
aura lieu 62, rue de l’Ancienne-
Mairie. La réunion de l’après-
midi, à la salle des Fêtes de Bou-
logne, place Bernard-Palissy.



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