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LE second volume des mémoires si vifs
et si divertissants que M. Henri Lave
dan
quette, Le second volume des mémoires que M. H. Lavedan avec une modestie un peu coquette intitule
poser le problème des époques littéraires :
où commence et où finit une époque litté
raire ? on commence, on finit une génération/ une époque littéraire [?]
époque
et génération
La coupure est presque toujours marquée assez arbitrairement par les chroniqueurs. Les mémoires d’Henri Lavedan illustrent cette vérité ne donnent rien [?] Elle ne coïncide pas avec
se clôt bien avant la mort du grand roi, les
souvenirs mémoires
pensées
assez que la période qu’il illustra ne corres
pond
pas exactement à une période politique.
Ils donnent raison à ce critique qui préten
dait
que le second Empire
guerre de 70
mières
années de ce siècle.
On a souvent cité le mot, sans doute apo
cryphe,
d’un familier des Tuileries regar
dant
la foule envahir le Château le 4 sep
tembre :
C’est égal, nous nous serons bien
Au lendemain de la Commune
amuséssans doute apocryphe
cité par Mauriac reste introuvable.
le même aimable homme aurait pu ajouter :
Ce qu’on va recommencer à s’amuser !
Et en effet, de 1872 à 1905 environ, le fa
milier
des Tuileries ou son fils en ont eu
encore pour un bout de temps, comme on dit,
à s’en fourrer jusque-là.
l’enquête d’Agathonpour ainsi dire officiellement
mite
au delà de laquelle ce fut fini de rire. Entre 1905 et 1910 une génération nouvelle…
Je ne voudrais point qu’on pût voir ici de
la malveillance ou de dénigrement
dont M. Lavedan fut une des gloires. Ses
mémoires témoignent d’une faculté éton
nante
et même admirable pour accepter les
règles du jeu, pour feindre d’attacher de l’im
portance
aux menues conquêtes de la vie
parisienne. On y sent partout une gourman
dise
attentive à déguster, à savourer chaque
satisfaction d’amour-propre, à gober toute
douceur que Paris (ce qu’on appelle Paris)
réserve à ses vedettes — et non seulement
les faveurs éclatantes : fauteuil à l’Acadé
mie,
pièce reçue à la Comédie-Française,
mais de ces petites choses qui ont, paraît-il,
eu leur prix et qui, après tout, l’ont peut-
être
encore, telles que l’accès dans un grand
cercle.
C’est le charme de ces mémoires que l’au
teur
ne se guinde pas, ne rougit pas de s’être,
tant amusé des hochets que la réussite met
pages où il s’attendrit sans vergogne, pour
notre plaisir et pour le sien, sur les vieux
menus des soupers de centième. Il n’affecte
pas de n’en éprouver aucun regret. Il avoue
avec bonne grâce, avec gentillesse, qu’il vou
drait
bien y être encore. Je ne sais si je me
trompe en discernant chez M Henri Lave
dan
une sorte de coquetterie du manque de
sérieux dont nous ne sommes pas dupes,
mais qui a bien de l’élégance.
Frivolité trop étalée pour n’être pas vou
lue. Tout
Marcheursavait déjà sans doute que la vie est comme une partie qu’il faut toujours perdre
mosphère
grave et religieuse du
dant
tapota les joues innocentes, savait sans doute
que la vie telle que Paris la propose à ses
jeunes vainqueurs est une partie qu’il faut
toujours finir par perdre. Mais, en attendant
la fin, nous le sentons résolu à la considérer
comme une partie de plaisir. Il existe un
courage de la frivolité. On n’a pas besoin
de croire au jeu pour trouver qu’il est amu
sant
de gagner.
La littérature leur apparaît d’abord comme un moyen de participer à la vie parisienne ; se confond avec l’esprit et le talent.
d’être dans le train. Notre génération … exprès
.
vre
n’est pas une fin en soi. Elle le porte Elle porte l’auteur
dans le sens de ses ambitions qui tendent
toutes à l’agréable plus qu’elles ne visent au
grand. Né chrétien et français, c’est-à-dire
moraliste (et c’est là qu’il excelle), M. Henri
Lavedan ne perd jamais de vue que la litté
rature
est d’abord un moyen de participer
à la vie délicieuse de Paris et, d un mot :
d’être dans le train.
délibérément manqué ce train-là, ce train
de plaisir, qui ait tenu à le manquer, qui
ait fait exprès de le manquer. ce n’est pas qu’elle ait été dans son fond meilleure que celle des aînés. Les hommes se suivent et se ressemblent.
notre génération
des individus isolés restaient volontairement
sur le quai. Mais c’est notre génération pres
que
entière qui s’est détournée du Boulevard
Non qu’au fond elle ait été meilleure : les
hommes se suivent et se ressemblent. Notre gemissement [?] est déjà dans les Psaumes et après l’Eucharistie il n’y a rien à ajouter à Ecclésiaste
ment
elle fut la première à approcher assez
l’abîme pour en sentir le vent sur sa face.
Six ou sept ans avant la guerre, nous étions
Les nouveaux venus demandions à leurs aînés de nous faire rire. Le dédain du “boulevard” n’était pas une forme de snobisme, ni de…
leurs…nous
et n’était…snobisme
Entre tous nos aînés, ceux qui auraient eussent
nous fournir de recettes pour décrocher les
diverses timbales de la réussite retenaient
moins notre attention que ceux qui nous par
laient
de la menace qui pesait sur nous et
qui nous proposaient des disciplines, ou du
moins des attitudes, ou du moins des attitudes
phrase ajoutée dans le ts.
ras,
Péguy, Claudel, Gide, ont bénéficié de
notre inquiétude, de notre angoisse d’enfants
menacés.
Une certaine forme de réussite était ce qui
nous attirait le moins. Quel prestige avait
à nos yeux le plus petit signe, chez un aîné,
de détachement, de désintéressement, de pu
reté !
Dans des ordres très différents, les
premiers numéros de
ceux de la
premiers livres de Jammes, de Claudel, de
Gide, les Péguy dans sa boutique
nos yeux la vraie gloire, la seule gloire ; les
maîtres du théâtre et de la chronique, et le
plus fameux de tous, Rostand
valeur pour nous qu’en tant qu’exemple à
ne pas suivre. Et bien sûr, nous manquions
de mesure, d’équité. Je me rappelle comme
je fus scandalisé, un jour que j’étais allé
voir Barrès au lendemain de
l’admiration, ou plus exactement de l’espèce
d’envie gentille qu’il manifestait : Ces
me disait-il, faisant allusion
transatlantiques... c’est tout de même quel
que
chose !
aux Américains qui avaient, disait-on, frété
un bateau pour assister à la première de
Il arrive parfois que les aînés subissent
l’influence de leurs cadets. Ce qu’il faut ad
mirer
dans les passionnants mémoires de
M. Henri Lavedan, c’est à quel point on l’y
sent étranger à nos goûts, à nos préférences,
indifférent à notre attitude devant la vie, en
un mot en un mot
phrase ajoutée à la version imprimée.
qu’il attache beaucoup d’importance à ce
qui s’est passé hors de la sphère où il a
évolué avec une si constante réussite. Il est
vrai que son récit s’arrête un peu avant les
années où nous avons commencé d’émerger.
sance
que l’on y sent à chaque page, il est
évident que ce qui comptait à ses yeux, il y
a trente-cinq ans, a toujours le même prix,
et qu’il n’a pas dû réviser son échelle des
valeurs. Je me trompe peut-être. Il se peut
qu’il connaisse au contraire fort bien tout
ce qui a été pensé et écrit, tout ce qui a été
passionnément admiré dans le monde qui
commence où le Boulevard finit et où dans lequel
leurs
une partie de son œuvre a eu un du
rable
écho. Mais j’inclinerais à croire que
l’auteur célèbre du
vers
à lui, et
gens les plus agréables et les plus spirituels
de l’Europe, en soupçonnant peut-être l’im
portance
de ce qui se passait dans d’autres
étoiles, mais fermement résolu à n’en tenir
aucun compte.
Et, après tout, c’est une science que d’être
heureux ! Il y a un art de donner du prix
à ce qui n’en à guère, mais sans être dupe,
que possédait éminemment l’auteur d’
l’oubli
qu’a cueillies Henri Lavedan au long de
sa vie brillante et comblée ne se sont pas
fanées entre ses mains ; elles parfument en
core
les pages de ses charmants mémoires,
et on sent bien qu’elles enchantent et con
solent
sa vieillesse. et on sent biel qu’elles enchantent et consolent sa vieillesse
phrase ajoutée à la version imprimée.
ons
plus rien cueillir qui ne se flétrisse et
ne se réduise en poussière. Ce sont les évé
nements
sans doute, c’est l’air rendu irres
pirable,
l’impossibilité c’est impossible
l’état d’éveil où nous sommes tenus dans une
France plus menacée qu elle ne fut jamais,
à aucun moment de son histoire. Nous n’en
avons que plus d’agrément à ressusciter ces
époques heureuses et aimables
aussi, bien sûr ! mais d’une façon moins pres
sante,
moins directe : ces époques où l’on
pouvait penser à autre chose qu’à la fin de
la civilisation et où ceux qui, comme Henri
Lavedan, avaient reçu mission de divertir
leurs contemporains, s’en acquittaient avec
tant de grâce, d’éclat et de bonheur.