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La guerre civile espagnole vient de
prendre au pays basque un caractère
particulièrement atroce.
Hier, c’était le bombardement aérien
de Durango.
Aujourd’hui, par le même procédé,
c’est la destruction presque complète
de Guernica, ville sans défense et sanc
tuaire
des traditions basques.
Des centaines de non-combattants, de
femmes et d’enfants ont péri à Durango,
à Guernica et ailleurs.
Bilbao, où se trouvent de très nom
breux
réfugiés, est menacé de subir le
même sort.
Quelque opinion que l’on ait sur la qua
lité
des partis qui s’affrontent en Es
pagne,
il est hors de conteste que le
peuple basque est un peuple catholique,
que le culte public n’a jamais été inter
rompu
au pays basque.
Dans ces conditions, c’est aux catho
liques,
sans distinction de parti, qu’il
appartient d’élever la voix les premiers
pour que soit épargné au monde le mas
sacre
impitoyable d’un peuple chrétien.
Rien ne justifie, rien n’excuse des bom
bardements
de villes ouvertes comme
celui de Guernica.
Nous adressons un appel angoissé à
tous les hommes de cœur, dans tous les
pays, pour que cesse immédiatement le
massacre des non-combattants.
Ont signé :
François Mauriac, de l’Académie fran
çaise,
André Bellivier, Charles du Bos, Sta
nislas
Fumet
HoogLiong
dans l’original.
Jacques Madaule, Gabriel Marcel, Jacques
Maritain, Emmanuel Mounier, Jean de Pange,
Domenico Russo, Boris de Schloezer, Pierre
Van Der Meer de Walcheren, Maurice Me
leau-PontyMerleau-Ponvy
dans l’original.
Claude Leblond, Paul VignauxVignaud
dans l’original.
de 28 élèves de l’École normale supérieure
(Les nouvelles signatures seront recueillies
par M. Paul Vignaux, 14, Quatrefages, Paris).
Le présent appel est livré à la publi
cité
après que quelques-uns de ses si
gnataires,
présents à Paris — M. Sta
nislas
Fumet, Mme Hélène Iswolski,
MM. Olivier Lacombe, Jacques Madaule,
Gabriel Marcel, Jacques Maritain, Pierre
Van der Meer de Walcheren — ont pu
entendre sur les faits de Guernica le
témoignage de M. le chanoine Onaindia
y Zuloaga qui se trouvait sur les lieux
au moment du bombardement.
Réserve faite des conclusions qu’une
enquête internationale pourrait seule
établir sur la question de savoir si
d’autres éléments ont pris part à la
destruction, il ressort de ce témoignage
que Guernica, ville sans défense, a bien
été bombardée sans répit pendant trois
heures, et que les avions poursuivaient
à la mitrailleuse les gens qui fuyaient.