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Plusieurs fois déjà, les
raires
de la défense du livre. Elles l’ont fait sans
parti pris, soucieuses seulement d’attirer
sur ce problème l’attention des pouvoirs pu
blics.
Car il est nécessaire que certaines
discriminations soient faites dans l’appli
cation
de dispositions législatives d’ordre
général.
C’est ce que répètent ici avec l’autorité
qui leur est propre quelques-uns de nos
plus éminents académiciens. Nous termine
rons
la semaine prochaine cette consulta
tion
de M. Francis Ambrière
Le désert du lundi sous les galeries de l’Odéon
S’il réclame et s’il exerce un droit de
critique sur les destinées de l’espèce,
l’homme libre et de clair jugement ne peut
pas ne point admirer, dans l’ensemble,
l’œuvre accomplie grâce au livre pendant
ce peu de temps qu’est un demi-millénai
re.
Le livre est un des ressorts de l’indi
vidualisme
créateur, de cet individualisme
qui, même en nos temps incertains, de
meure
le génie tutélaire des sociétés hu
maines.
Le livre a, pendant cinq cents
ans été, pour l’esprit solitaire, un incom
parable
instrument de travail, d’élévation,
de libération
C’est M. Georges Duhamel
lignes dans la préface de son dernier
ouvrage,
Ce que les économistes, dit encore M.
Duhamel, appellent, dans leur jargon, le
marché intérieur
, est d’ores et déjà
troublé, déséquilibré, compromis. Le
marché extérieur
est à peu près fermé
pour des raisons politiques et monétaires
dont on ne saurait supputer la prompte
disparition. A ces difficultés effrayantes
velles.
Les impôts, les lois sociales — dont
je ne critique pas ici le principe et le sens
— les aventures, les expédients et les dés
ordres
financiers, tout semble se liguer,
depuis quelques années, pour porter à
l’industrie du livre des coups mortels
Cette opinion, il n’est personne dans le
monde de l’édition et de la librairie pour
en contester la pénible exactitude. Tous les
techniciens du livre, depuis plusieurs mois
que la taxe de 6% et la fermeture des
deux jours
mal, ont tour à tour exprimé là-dessus un
avis catégorique. Restaient à consulter
d’autres artisans du livre, et non les
moins importants : ceux qui les font. D’où
cette enquête, où l’on s’est volontairement
tenu à des hommes au sommet de leur
carrière, et pour dire mieux aux membres
d’un corps souvent moqué, souvent per
siflé,
mais dont la tradition spirituelle a
trois siècles
pare
à nul autre : on aura reconnu l’Aca
démie
française.
[…]
[…]
Même condamnation de principela même lourde taxe
va frapper les produits de beauté et les livres de Bergson. Sa réponse se termine ainsi : Même dépourvu d’une nouveauté profonde, le livre, dès l’instant qu’il est écrit et composé avec soin, est une valeur intellectuelle, une portion du patrimoine de l’humanité. C’est vous dire qu’il a tous les droits à un traitement de faveur, et que je ne saurais approuver les charges récentes qui sont venues ajouter à ses difficultés du moment.
la bouche de M. François Mauriac, qui
ajoute
Je ne puis malheureusement appuyer
ma réponse sur des chiffres. Seuls le li
braire
et l’éditeur sont en mesure de faire
valoir cette éloquence des statistiques qui
ne permet pas la réplique. Mais vivre en
dehors des bilans ne veut pas dire mépri
ser
la question. Georges Duhamel
même temps qu’auteur est éditeur et di
recteur
de revue, a poussé un cri d’alarme
qui ne me semble pas avoir eu l’écho qu’il
méritait, et qui est pleinement justifié.
Le grand romancier réfléchit quelques
secondes puis reprend :
Il me paraît d’ailleurs difficile de ju
ger
les mesures nouvelles relatives à la
librairie sans tenir compte de tout le sys
tème
qui entraîne l’économie française
vers l’étatismequi exagère les droits de l’État au détriment de ceux de l’individu
.
sauvé
la question est politique, et vous me par
donnerez
de ne pas aller plus avant
[…]
Ainsi, tous ceux que j’ai interrogés au
cours de cette enquête, si divers soient-ils
par l’esprit, la formation et les tendan
ces,
se montrent unanimes sur le dan
ger
couru par le livre et la culture fran
çaise,
du fait de quelques mesures irré
fléchies.
Voudra-t-on entendre en haut
lieu une protestation si désintéressée et
si ardente ?